
Contrairement à l’idée reçue que la France devrait d’abord « balayer devant sa porte », cet article démontre que le repli nationaliste est une impasse coûteuse et inefficace. Face à des menaces comme les pandémies, le dérèglement climatique ou l’évasion fiscale, qui ignorent les frontières, la défense de l’intérêt national passe paradoxalement par une coopération internationale exigeante. L’internationalisme n’est pas un acte de générosité, mais la forme la plus pragmatique de protection de nos propres intérêts.
« La charité bien ordonnée commence par soi-même », « Occupons-nous de nos problèmes avant de vouloir régler ceux du monde »… Ces phrases, pleines de bon sens en apparence, traduisent un sentiment légitime : face aux difficultés du quotidien, à la crise du pouvoir d’achat ou à l’état des services publics, l’idée de se concentrer sur l’hexagone semble une priorité absolue. Le discours nationaliste, qui prône le repli sur soi et la fermeture des frontières comme un bouclier protecteur, gagne en popularité en promettant une souveraineté retrouvée.
Pourtant, cette vision est une illusion dangereuse. Elle ignore une réalité fondamentale du XXIe siècle : les plus grandes menaces qui pèsent sur la sécurité et la prospérité des Français ne proviennent pas de l’extérieur, mais sont de nature globale. Un virus qui mute à l’autre bout du monde, la fonte d’une calotte glaciaire, une multinationale qui délocalise ses profits dans un paradis fiscal… Aucun mur, aucune politique purement nationale ne peut nous en protéger. L’interdépendance n’est plus un choix, c’est un fait.
Mais si la véritable clé n’était pas de choisir entre l’intérêt national et l’international, mais de comprendre qu’ils sont désormais indissociables ? Cet article propose de renverser la perspective. Loin d’être un projet idéaliste ou une perte de souveraineté, l’internationalisme de gauche est aujourd’hui la seule réponse pragmatique et efficace pour défendre les intérêts de la France. Nous verrons, à travers des exemples concrets, comment la coopération, la régulation et la solidarité mondiales ne sont pas des options, mais des nécessités stratégiques pour notre avenir commun.
Cet article explore les facettes de cette nécessité, des biens communs mondiaux à la réforme des institutions internationales, en passant par la lutte contre les injustices qui minent notre monde. Il s’agit de démontrer, point par point, que le repli est un piège et que l’avenir se construira ensemble, ou ne se construira pas.
Sommaire : Les solutions de la gauche face aux défis mondiaux : une approche internationaliste
- Le climat, les vaccins, internet : ces trésors qui n’appartiennent à personne et que nous devons gérer ensemble
- La guerre des vaccins : comment l’égoïsme des pays riches a prolongé la pandémie et ce qu’il faut faire pour que ça ne se reproduise pas
- Le mythe de l’impuissance face aux paradis fiscaux : les outils existent pour y mettre fin, seule la volonté politique manque
- Le Conseil de Sécurité de l’ONU est-il encore légitime ? Les propositions pour le réformer
- L’Internationale progressiste : comment les gauches du monde entier tentent de s’unir pour faire face à la montée de l’extrême-droite nationaliste
- Le jour où le monde s’est uni pour sauver la couche d’ozone : la preuve que la coopération internationale peut fonctionner
- Les COP sur le climat sont-elles inutiles ? Diagnostic d’un échec et pistes pour une vraie gouvernance climatique
- Coopération internationale : quelles stratégies pour le XXIe siècle ?
Le climat, les vaccins, internet : ces trésors qui n’appartiennent à personne et que nous devons gérer ensemble
L’air que nous respirons, la stabilité du climat, la connaissance scientifique ou encore la santé publique sont des **biens communs mondiaux**. Par définition, ils n’appartiennent à aucun État en particulier mais sont essentiels à tous. Le drame de ces biens communs est que, sans une gestion coordonnée, chaque pays est incité à les surexploiter pour son propre bénéfice à court terme, au détriment de l’intérêt collectif à long terme. Le repli nationaliste est la pire réponse possible à ce défi, car il accélère cette course vers le bas.
Penser que la France peut se protéger seule du dérèglement climatique tandis que le reste du monde continue de polluer est une absurdité. Les nuages de CO2 ne s’arrêtent pas aux douanes. De même, croire qu’on peut éradiquer un virus sur notre sol sans se soucier de sa propagation mondiale est une illusion, comme la crise du Covid-19 l’a tragiquement démontré. Chaque décision unilatérale produit un ** »effet boomerang »** : un problème que l’on refuse de traiter collectivement finit toujours par nous revenir, souvent amplifié.
L’internationalisme pragmatique consiste donc à reconnaître cette interdépendance. Investir dans la transition écologique des pays en développement ou dans les systèmes de santé mondiaux n’est pas de la charité, c’est un acte de protection de nos propres intérêts. C’est pourquoi, selon le ministère de l’Économie, la France a consacré 7,2 milliards d’euros en 2024 à des financements pour le climat dans ces pays. Il ne s’agit pas d’une « dépense », mais d’un investissement stratégique pour notre sécurité collective.
C’est en acceptant de réguler ensemble que nous regagnons collectivement le contrôle sur des phénomènes qui, autrement, nous dépassent tous.
La guerre des vaccins : comment l’égoïsme des pays riches a prolongé la pandémie et ce qu’il faut faire pour que ça ne se reproduise pas
La pandémie de Covid-19 restera dans l’histoire comme l’exemple parfait de **l’échec de l’égoïsme national**. Au début de la crise, la plupart des pays riches, y compris en Europe, se sont lancés dans une course effrénée pour précommander et stocker des doses de vaccins bien au-delà des besoins de leur propre population, laissant le reste du monde de côté. Cette stratégie du « chacun pour soi » a semblé rassurante à court terme, mais s’est révélée être une faute stratégique majeure.
En laissant le virus circuler librement et massivement dans de vastes régions du globe non vaccinées, nous avons créé un gigantesque laboratoire à ciel ouvert pour l’émergence de nouveaux variants. Les variants Delta et Omicron, plus contagieux et parfois plus dangereux, ne sont pas nés de nulle part. Ils sont le fruit direct de notre incapacité à concevoir la santé comme un bien public mondial. Cet « apartheid vaccinal » a non seulement causé des millions de morts évitables, mais il a aussi prolongé la crise sanitaire et économique pour tout le monde, y compris pour les pays riches, à travers de nouvelles vagues, de nouveaux confinements et des perturbations continues des chaînes d’approvisionnement.

Pour éviter qu’un tel scénario, qui est l’illustration parfaite de l’effet boomerang, ne se reproduise, une refonte complète de la gouvernance sanitaire mondiale est indispensable. Il ne s’agit pas d’un vœu pieux, mais d’une nécessité pragmatique pour notre propre sécurité. Des propositions concrètes existent pour bâtir une souveraineté sanitaire solidaire et efficace.
Plan d’action pour une souveraineté sanitaire solidaire
- Créer un mécanisme de transfert de technologie obligatoire en cas de crise pandémique pour permettre une production locale et rapide.
- Instaurer une taxe sur les super-profits de l’industrie pharmaceutique pour financer la recherche sur les nouvelles menaces, comme les antibiotiques.
- Établir un Conseil Mondial des Citoyens pour la Santé sur le modèle de la Convention Citoyenne pour le Climat, afin d’assurer un contrôle démocratique.
- Garantir l’accès universel aux vaccins et traitements via un fonds multilatéral puissant, géré par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Un monde où une partie de l’humanité est en danger est un monde où personne n’est vraiment en sécurité.
Le mythe de l’impuissance face aux paradis fiscaux : les outils existent pour y mettre fin, seule la volonté politique manque
L’un des arguments favoris du discours souverainiste est que la France serait impuissante face aux géants du numérique (GAFAM) et aux multinationales qui ne paient pas leur juste part d’impôt. C’est le fameux « Que peut-on faire ? Si on les taxe, ils partiront ! ». Cette rhétorique de l’impuissance est un mythe entretenu pour justifier l’inaction politique. En réalité, l’évasion fiscale massive n’est pas une fatalité, mais le résultat de décennies de dérégulation et de manque de coopération internationale.
Le coût de cette inaction est colossal. L’évasion et la fraude fiscale représentent un manque à gagner de 80 à 100 milliards d’euros par an pour la France, selon un rapport parlementaire de l’Assemblée nationale. C’est l’équivalent du budget de l’Éducation nationale. Cet argent, qui devrait financer nos hôpitaux, nos écoles et notre transition écologique, est siphonné par des montages complexes qui exploitent les failles d’un système mondial non régulé.
L’idée que les grandes fortunes ou les entreprises fuiraient massivement est également à nuancer. Comme le souligne l’économiste Gabriel Zucman, spécialiste mondial du sujet, la coopération internationale a déjà commencé à changer la donne. Des outils très concrets prouvent que lorsque la volonté politique est là, les résultats suivent.
Étude de Cas : L’échange automatique d’informations bancaires
Depuis la mise en place de la norme CRS (Common Reporting Standard) de l’OCDE, un embryon de cadastre financier mondial, plus de 100 pays échangent automatiquement les informations sur les comptes bancaires détenus par des non-résidents. Concrètement, si un résident fiscal français ouvre un compte en Suisse ou au Luxembourg, l’administration fiscale française en est désormais informée. Cette avancée majeure a porté un coup très dur au secret bancaire et a déjà permis à la France d’ouvrir des dizaines de milliers de dossiers de redressement fiscal, démontrant l’efficacité spectaculaire de la coopération internationale.
Le véritable enjeu n’est donc pas technique, mais bien politique : il s’agit de passer de la coopération ponctuelle à une régulation mondiale systématique, avec un taux d’imposition minimal sur les sociétés et un registre public des bénéficiaires effectifs des entreprises.
Le Conseil de Sécurité de l’ONU est-il encore légitime ? Les propositions pour le réformer
Créée sur les cendres de la Seconde Guerre mondiale, l’Organisation des Nations Unies (ONU) incarne la promesse d’un monde régi par le droit et la coopération plutôt que par la force. Pourtant, 75 ans plus tard, l’institution est en crise. Son organe le plus puissant, le **Conseil de Sécurité**, est régulièrement paralysé par l’usage du droit de veto de ses cinq membres permanents (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie). Que ce soit en Syrie, en Ukraine ou à Gaza, le Conseil se révèle incapable d’agir face aux violations flagrantes du droit international, sapant sa propre légitimité.
Sa composition, héritée du monde de 1945, ne reflète plus les équilibres géopolitiques du XXIe siècle. Des puissances démographiques et économiques majeures comme l’Inde, le Brésil, le Japon, l’Allemagne ou de grands pays africains en sont absentes, ce qui pose un problème de représentativité évident. Cette architecture obsolète alimente le cynisme et encourage les grandes puissances à contourner l’ONU pour agir unilatéralement, nous ramenant à une dangereuse « loi de la jungle ».

Plutôt que de céder à la tentation du repli et d’acter la mort du multilatéralisme, le projet internationaliste consiste à se battre pour le réformer en profondeur. La solution n’est pas « moins d’ONU », mais « une meilleure ONU ». Plusieurs pistes sont sur la table pour rendre le Conseil de Sécurité plus démocratique et plus efficace :
- L’élargissement du Conseil à de nouveaux membres permanents et non-permanents pour une meilleure représentativité.
- L’encadrement strict, voire la suppression, du **droit de veto**, notamment en cas de crimes de masse (génocide, crimes contre l’humanité).
- Le renforcement des pouvoirs de l’Assemblée Générale, où chaque pays dispose d’une voix, pour contrebalancer le poids du Conseil.
C’est un combat essentiel pour que le droit international reste la seule boussole des relations entre les peuples.
L’Internationale progressiste : comment les gauches du monde entier tentent de s’unir pour faire face à la montée de l’extrême-droite nationaliste
Face à des défis globaux qui appellent des réponses coordonnées, nous assistons à une tendance inverse : la montée en puissance, partout dans le monde, de forces d’extrême-droite nationalistes. De Donald Trump à Viktor Orbán, en passant par Jair Bolsonaro ou Marine Le Pen, ces mouvements partagent un même discours : le rejet du multilatéralisme, la diabolisation de l’étranger, le protectionnisme économique et la promesse illusoire d’un retour à une souveraineté nationale totale. Cette « Internationale nationaliste » communique, se soutient et partage des stratégies de conquête du pouvoir.
Face à ce bloc réactionnaire, les forces progressistes (partis de gauche, syndicats, ONG, mouvements sociaux) ont longtemps péché par leur fragmentation. Chacun luttait dans son coin, oubliant que leurs adversaires, eux, étaient déjà mondialisés. La prise de conscience de cette faiblesse a conduit à la création de nouvelles alliances et de nouvelles plateformes de coopération, comme l’**Internationale Progressiste**. Ce mouvement vise à construire un front commun pour élaborer des solutions partagées aux problèmes globaux.
L’objectif n’est pas de créer un « super-parti » mondial, mais un **réseau d’acteurs** capables de :
- Partager les analyses et les stratégies : Comprendre comment les victoires et les échecs dans un pays peuvent servir de leçons pour les autres.
- Coordonner des campagnes internationales : Mener des actions communes sur des sujets comme la taxation des multinationales, la défense du climat ou les droits des migrants.
- Construire un contre-récit : Opposer au discours de haine et de division une vision d’avenir basée sur la coopération, la justice sociale et la démocratie.
Cette démarche est essentielle. Si les partisans de la coopération ne s’unissent pas au-delà des frontières, ils laisseront le champ libre à ceux qui veulent les détruire. La bataille des idées est, elle aussi, devenue mondiale.
C’est une condition sine qua non pour que les valeurs de progrès et d’humanisme puissent l’emporter au XXIe siècle.
Le jour où le monde s’est uni pour sauver la couche d’ozone : la preuve que la coopération internationale peut fonctionner
Face au tableau souvent sombre de la coopération internationale, il est facile de sombrer dans le pessimisme. Pourtant, l’histoire nous offre un exemple spectaculaire et porteur d’espoir : la lutte pour la sauvegarde de la couche d’ozone. Dans les années 1980, la communauté scientifique a tiré la sonnette d’alarme : les chlorofluorocarbures (CFC), utilisés massivement dans les réfrigérateurs et les aérosols, étaient en train de détruire la couche d’ozone qui nous protège des rayons ultraviolets cancérigènes.
La menace était globale, invisible et potentiellement catastrophique. Plutôt que de se diviser, la communauté internationale a réagi avec une rapidité et une unité exemplaires. En 1987, le **Protocole de Montréal** a été signé. Ce traité, et ses amendements successifs, a organisé l’élimination progressive des substances appauvrissant la couche d’ozone. Le résultat est l’un des plus grands succès environnementaux de l’histoire de l’humanité : 98% de ces substances ont été éliminées et la couche d’ozone est en voie de guérison. Fait remarquable, le Protocole de Montréal a été le premier traité de l’histoire à atteindre la ratification universelle, bien avant que les 194 parties aient ratifié l’Accord de Paris sur le climat.
Ce succès n’est pas dû au hasard. Il repose sur une combinaison de facteurs qui sont de véritables leçons pour les défis actuels, notamment climatiques :
- Une **alerte scientifique claire et unanime**, qui a rendu le problème incontestable.
- Une **menace tangible** pour la santé humaine (cancers de la peau), comprise par tous.
- Un **leadership politique fort** des grandes puissances, qui ont porté le traité.
- L’**implication de l’industrie**, qui a développé des substituts technologiques viables aux CFC.
- Un **mécanisme de financement** pour aider les pays en développement à opérer leur transition.
- La menace de **sanctions commerciales** pour les pays qui refuseraient de se conformer.
Il est le modèle sur lequel nous devons nous appuyer pour construire la gouvernance mondiale de demain, en particulier pour le climat.
À retenir
- Face à des menaces globales, le repli sur soi est une stratégie coûteuse et inefficace qui produit un « effet boomerang ».
- La coopération internationale n’est pas une fatalité : le Protocole de Montréal prouve qu’elle peut fonctionner avec une volonté politique forte et des mécanismes contraignants.
- L’enjeu n’est pas de choisir entre l’intérêt national et l’international, mais de comprendre que le premier dépend désormais du second.
Les COP sur le climat sont-elles inutiles ? Diagnostic d’un échec et pistes pour une vraie gouvernance climatique
Chaque année, la Conférence des Parties (COP) sur le climat réunit le monde entier avec la promesse de trouver des solutions au dérèglement climatique. Et chaque année, le même sentiment d’échec ou d’insuffisance prédomine. Malgré les discours ambitieux, les émissions mondiales de gaz à effet de serre continuent d’augmenter, nous éloignant dangereusement de l’objectif de l’Accord de Paris de limiter le réchauffement à 1,5°C. Alors, les COP sont-elles inutiles ?
Leur principal problème réside dans leur mode de fonctionnement : la recherche du **consensus entre près de 200 pays**. Cette règle conduit inévitablement à un alignement sur le plus petit dénominateur commun, où les ambitions des plus volontaires sont tirées vers le bas par les plus récalcitrants. De plus, les engagements pris (les fameuses « contributions déterminées au niveau national ») reposent sur la base du volontariat et ne sont assortis d’aucun mécanisme de sanction en cas de non-respect. C’est tout le contraire du Protocole de Montréal. L’urgence est pourtant là : selon le WWF, les émissions mondiales doivent être réduites de 43% d’ici 2030 pour garder l’objectif de 1,5°C à portée de main, un objectif qui semble aujourd’hui quasi inatteignable.

Plutôt que de s’acharner dans ce « bazar de négociations », des voix de plus en plus nombreuses proposent de changer radicalement de méthode. L’idée est de compléter, voire de remplacer, l’approche universelle par des formats plus agiles et plus contraignants. L’une des propositions les plus prometteuses est celle des « clubs climatiques », comme le suggèrent certains experts.
Passer d’une logique de ‘bazar’ de négociations annuelles à des ‘clubs climatiques’ sectoriels avec des normes contraignantes.
– Proposition issue du débat sur la réforme des COP
Un « club » réunirait un groupe de pays volontaires (par exemple, les plus grands émetteurs) qui s’accorderaient sur des règles strictes (ex: un prix plancher du carbone, la fin des subventions aux fossiles) applicables entre eux, avec un système de bonus pour les membres et de taxes à l’entrée pour les non-membres. Cette approche créerait une incitation forte à rejoindre le club et permettrait d’avancer plus vite avec ceux qui le veulent.
L’enjeu est de passer de la diplomatie de l’incantation à celle des résultats concrets.
Coopération internationale : quelles stratégies pour le XXIe siècle ?
Nous avons vu que face aux crises globales, le repli nationaliste est une impasse et que l’internationalisme est une nécessité pragmatique. De la santé au climat, en passant par la fiscalité et la paix, aucune solution durable ne peut être trouvée à l’échelle d’un seul pays. Mais quel type de coopération internationale faut-il promouvoir ? Le multilatéralisme classique, incarné par une ONU vieillissante, a montré ses limites. Il est temps de penser une architecture plus souple, plus efficace et multi-acteurs.
Le XXIe siècle sera probablement celui de la ** »géométrie variable »** en matière de coopération. Plutôt qu’un modèle unique, plusieurs approches devront coexister et se compléter, en fonction des sujets et des acteurs impliqués. L’enjeu est de trouver le bon équilibre entre la légitimité, que seul un cadre universel peut offrir, et l’efficacité, qui demande souvent des formats plus restreints et plus agiles.
Le tableau ci-dessous synthétise les principales approches de coopération aujourd’hui débattues, avec leurs forces et leurs faiblesses respectives. Il illustre la complexité de la gouvernance mondiale à venir, qui ne pourra plus reposer sur un seul pilier.
| Approche | Caractéristiques | Avantages | Limites |
|---|---|---|---|
| Multilatéralisme classique (ONU) | Négociations entre tous les États | Légitimité universelle | Lenteur des décisions, droit de veto |
| Clubs sectoriels | Groupes restreints par secteur (climat, commerce…) | Efficacité accrue, normes contraignantes | Risque d’exclusion et de fragmentation |
| Coalitions de volontaires | Pays engagés volontairement sur un objectif précis | Rapidité d’action, flexibilité | Manque de contrainte, portée limitée |
| Gouvernance multi-acteurs | États + villes + entreprises + ONG | Mobilisation large, innovation | Complexité de coordination, déficit de légitimité |
Pour la France, l’enjeu stratégique est de redevenir une puissance d’initiative, capable de proposer et d’articuler ces différentes formes de coopération pour défendre une vision d’un ordre mondial plus juste, plus démocratique et plus durable. Il ne s’agit plus de subir la mondialisation, mais de la façonner politiquement.