Illustration symbolique représentant la biodiversité en danger avec des éléments naturels et des symboles liés au changement climatique
Publié le 10 avril 2025

L’effondrement de la biodiversité n’est pas une crise écologique lointaine, c’est un sabotage direct et mesurable de l’infrastructure qui maintient l’humanité en vie.

  • La nature fournit des services essentiels (pollinisation, eau potable) dont la destruction menace notre souveraineté alimentaire et notre économie.
  • La déforestation et la perte d’habitats augmentent mathématiquement le risque de pandémies, transformant la crise écologique en une urgence de santé publique.

Recommandation : Cesser de voir la biodiversité comme une cause annexe pour « protéger la nature » et la considérer comme un enjeu stratégique pour préserver la stabilité de nos sociétés.

Lorsque l’on évoque la crise écologique, l’urgence climatique monopolise souvent l’attention. La hausse des températures, la fonte des glaces, les événements extrêmes : les symboles sont forts et les conséquences, de plus en plus visibles. Parallèlement, l’effondrement de la biodiversité est souvent perçu comme une tragédie secondaire, une cause noble mais moins pressante, réservée aux amoureux des pandas et des forêts tropicales. On parle des cinq grandes causes de l’extinction – destruction des habitats, pollution, surexploitation, espèces invasives, changement climatique – mais souvent comme une liste de faits, déconnectée de notre quotidien.

Cette perception repose sur une erreur fondamentale. Et si la véritable clé de notre avenir ne se trouvait pas seulement dans la réduction de nos émissions de carbone, mais tout autant dans la préservation du tissu vivant qui nous entoure ? Si la perte d’une espèce d’insecte en Amazonie était un indicateur aussi pertinent pour notre sécurité que la concentration de CO2 dans l’atmosphère ? C’est le changement de perspective radical que la science nous impose aujourd’hui. L’érosion de la biodiversité n’est pas une simple perte de patrimoine naturel ; c’est la défaillance progressive de notre propre système de survie.

Cet article propose de dépasser le constat pour expliquer les mécanismes de cet effondrement. Nous verrons comment la nature constitue une infrastructure vitale et gratuite, pourquoi les solutions actuelles sont insuffisantes, et comment la dégradation du vivant se traduit très concrètement en menaces pour notre santé, notre alimentation et la stabilité de nos sociétés. Il est temps de comprendre que sauver la biodiversité, c’est avant tout nous sauver nous-mêmes.

Pour ceux qui préfèrent un format condensé, cette vidéo résume l’essentiel des points abordés dans notre guide. Une présentation complète pour aller droit au but.

Pour saisir l’ampleur des enjeux et des solutions, cet article est structuré en plusieurs parties clés. Le sommaire ci-dessous vous guidera à travers les différents aspects de cette crise, des services que la nature nous rend aux stratégies pour sa restauration.

Pollinisation, purification de l’eau, air pur : tous ces services gratuits que la nature nous offre (et que nous sommes en train de détruire)

L’une des plus grandes erreurs de notre modèle économique est de considérer la nature comme un décor ou un stock de ressources à exploiter. En réalité, elle est notre premier fournisseur de services, une infrastructure vitale et gratuite qui soutient l’ensemble de nos activités. Ces « services écosystémiques » sont si fondamentaux que leur présence nous semble acquise, jusqu’à ce qu’ils commencent à disparaître. La pollinisation par les insectes, par exemple, est indispensable à plus de 75 % des cultures alimentaires mondiales. Les zones humides, quant à elles, agissent comme des stations d’épuration naturelles, filtrant les polluants et prévenant les inondations avec une efficacité redoutable.

Ces services ont une valeur économique vertigineuse, bien que difficile à quantifier. Une tentative d’estimation en Europe suggère une valeur d’au moins 18 milliards d’euros par an, un chiffre probablement très sous-évalué. L’étude du Parc National de l’Ichkeul en Tunisie illustre parfaitement ce concept à l’échelle locale. Elle montre que les bénéfices les plus importants du parc ne viennent pas du tourisme, mais des services de régulation comme la protection contre les crues et la recharge des nappes phréatiques, évalués à plus de 6 millions de dinars tunisiens annuellement. Chaque hectare de forêt détruit, chaque rivière polluée, n’est donc pas seulement une perte écologique, mais une facture que nous devrons payer pour remplacer artificiellement ces services.

Illustration symbolique montrant des abeilles pollinisant fleurs, une rivière propre et un ciel bleu clair

Comme l’explique Claire Simon, experte en droit de l’environnement, dans le Rapport Stratégie Biodiversité 2024 :

La nature a une valeur intrinsèque qui dépasse largement la simple somme de ses services économiques, c’est ce que commencent à reconnaître les droits de la nature dans certains cadres juridiques.

– Claire Simon, Rapport Stratégie Biodiversité 2024

Reconnaître cette valeur, à la fois utilitaire et intrinsèque, est la première étape pour comprendre que la destruction du capital naturel est un suicide économique et civilisationnel à petit feu. Nous liquidons un actif irremplaçable pour des gains à court terme.

Qui tue les animaux ? Enquête sur les 5 grandes causes de l’effondrement de la biodiversité

Identifier les coupables de la 6ème extinction de masse semble simple en surface. Les scientifiques s’accordent sur cinq pressions directes : la destruction des habitats, la surexploitation des espèces, le changement climatique, les pollutions et les espèces exotiques envahissantes. Cependant, se contenter de cette liste, c’est ignorer les véritables donneurs d’ordre. Derrière ces causes techniques se cachent des systèmes politiques et économiques qui non seulement les encouragent mais en tirent profit.

Comme le souligne le politologue Julien Rousseau, « la destruction de la biodiversité est en grande partie perpétuée par des politiques publiques qui subventionnent des pratiques agricoles et industrielles destructrices, renforcées par le poids des lobbies économiques ». Les subventions à la pêche industrielle qui encouragent la surpêche, les politiques agricoles qui favorisent les monocultures dépendantes des pesticides, ou encore les plans d’urbanisme qui artificialisent les sols sont autant de décisions politiques qui alimentent l’effondrement.

Cette dynamique est exacerbée par des structures criminelles qui exploitent les failles de gouvernance. Une étude sur le braconnage et le trafic de bois en Afrique révèle comment des réseaux organisés s’appuient sur la corruption pour dégrader massivement des écosystèmes, transformant le capital naturel en flux financiers illicites. Dans ce contexte, la perte de biodiversité n’est plus un « dommage collatéral » du développement, mais un modèle économique pour certains acteurs. L’inaction politique n’est donc pas une simple négligence ; elle est souvent le résultat d’un arbitrage où les intérêts économiques à court terme l’emportent sur la préservation de notre infrastructure vitale à long terme.

Le mythe de la « nature sous cloche » : pourquoi les parcs naturels ne suffisent pas à sauver la biodiversité

Face à l’érosion du vivant, une réponse intuitive et largement promue est la création d’aires protégées. L’idée de mettre la nature « sous cloche » dans des parcs et des réserves pour la préserver des activités humaines est séduisante. Si ces espaces sont essentiels, ils sont loin d’être une solution miracle et peuvent même masquer une inaction plus globale. Le principal problème est celui de la fragmentation. La nature ne fonctionne pas en vase clos ; les espèces ont besoin de se déplacer pour se nourrir, se reproduire et s’adapter au changement climatique. Des îlots de nature protégés au milieu d’un océan d’agriculture intensive ou d’urbanisation sont des pièges écologiques à long terme.

Illustration montrant un parc naturel avec des barrières symboliques et la nature qui décline en périphérie

Les chiffres sont éloquents. En France, bien que les parcs naturels régionaux abritent une part significative des zones de protection, ces zones ne représentent que 2,2 % du territoire national. C’est une surface bien trop faible pour garantir la survie à long terme des écosystèmes. De plus, comme le rappelle l’anthropologue Marie Dupont, cette stratégie peut devenir un outil de « greenwashing politique », donnant l’illusion d’agir tout en ignorant la nécessité de transformer les pratiques sur l’ensemble du territoire. Pire, elle se fait parfois au détriment des peuples autochtones, qui sont historiquement les gardiens les plus efficaces de la biodiversité.

La véritable solution ne réside donc pas dans l’isolement, mais dans la connectivité. Il est impératif de recréer des « corridors écologiques » – des trames vertes et bleues – qui permettent à la faune et à la flore de circuler. Cela implique une refonte de l’aménagement du territoire, où la biodiversité n’est plus une contrainte mais un élément central de la planification.

Plan d’action pour des habitats connectés :

  1. Cartographier les zones de biodiversité critiques et les voies de migration potentielles.
  2. Identifier et supprimer les obstacles physiques (routes, barrages, urbanisation) qui fragmentent les paysages.
  3. Promouvoir des politiques d’urbanisme qui intègrent des trames vertes et bleues (haies, toits végétalisés, cours d’eau restaurés).
  4. Impliquer les communautés locales et les peuples autochtones dans la conception et la gestion de ces corridors.
  5. Mettre en place un suivi écologique pour évaluer l’efficacité de la connectivité et l’ajuster si nécessaire.

Déforestation et pandémies : le lien direct que la crise du Covid aurait dû nous faire comprendre

La crise du Covid-19 a mis le monde à l’arrêt, mais avons-nous réellement compris son origine ? L’émergence de zoonoses, ces maladies transmises de l’animal à l’homme, n’est pas une fatalité mais la conséquence directe de nos actions sur les écosystèmes. Comme l’explique Jean-François Guégan, directeur de recherche à l’IRD et l’INRAE, « la déforestation détruit les filtres naturels protégeant contre les agents pathogènes ». Les forêts et les habitats naturels intacts agissent comme des zones tampons, régulant les populations d’animaux sauvages et limitant les contacts entre la faune, le bétail et les humains. En détruisant ces barrières, nous nous exposons directement à des virus inconnus.

Le lien entre la dégradation de la biodiversité et la sécurité sanitaire est désormais un consensus scientifique. Chaque fois qu’une route est construite en pleine forêt tropicale pour l’exploitation forestière ou minière, nous augmentons les probabilités d’une nouvelle pandémie. C’est une forme de roulette russe à l’échelle planétaire. Pourtant, l’argument économique reste un frein majeur à la protection des forêts. Cet argument est absurde lorsqu’on le met en perspective. Une étude a calculé que le coût de la prévention primaire des pandémies (surveillance des pathogènes, lutte contre la déforestation) est infime comparé au coût humain et économique d’une seule pandémie. Il représente moins de 5 % du coût annuel des vies perdues à cause de ces maladies.

La seule stratégie viable pour l’avenir est l’approche « One Health » (Une seule santé), qui reconnaît que la santé humaine, la santé animale et la santé des écosystèmes sont intimement liées et interdépendantes. Prévenir les futures pandémies ne se fera pas en construisant plus d’hôpitaux, mais en protégeant et restaurant les forêts. La sécurité sanitaire est devenue une politique environnementale.

Comment réparer le vivant ? Le catalogue des solutions pour restaurer la biodiversité à grande échelle

Face à l’ampleur de la crise, le constat de l’effondrement peut sembler paralysant. Pourtant, des solutions existent et commencent à être déployées. La restauration écologique, qui consiste à aider les écosystèmes dégradés à se régénérer, n’est plus une utopie mais une discipline scientifique et une nécessité économique. Elle va bien au-delà de la simple plantation d’arbres et vise à recréer des écosystèmes fonctionnels et résilients. Le projet de restauration des zones humides en vallée de la Loire en est un excellent exemple. En redonnant de l’espace au fleuve, on a non seulement vu la biodiversité revenir, mais on a aussi considérablement réduit les risques d’inondations pour les populations locales, démontrant un double bénéfice écologique et social.

Pour passer à l’échelle supérieure, le financement est le nerf de la guerre. Les mécanismes de la « finance verte » commencent à s’intéresser à la biodiversité. On observe une augmentation de 25% des investissements dans les obligations vertes dédiées à des projets de restauration, signe qu’une partie du monde économique comprend que la destruction du capital naturel est un risque systémique. Cependant, ces investissements volontaires ne suffiront pas sans un cadre politique ambitieux.

Trois leviers politiques sont particulièrement cruciaux. Premièrement, la mise en place de marchés de compensation écologique robustes, où un acteur qui détruit un habitat est obligé de financer sa restauration ailleurs, avec des garanties de résultat. Deuxièmement, une refonte de la fiscalité pour appliquer le principe du « pollueur-payeur » : pénaliser financièrement la destruction des écosystèmes et récompenser les pratiques qui les restaurent. Enfin, une planification écologique territoriale qui intègre systématiquement les enjeux de biodiversité dans toutes les décisions d’aménagement, de l’agriculture à l’urbanisme. Réparer le vivant n’est pas une option, c’est un investissement dans notre futur commun.

La souveraineté alimentaire : l’art de bien nourrir sa population sans dépendre du reste du monde

La crise de la biodiversité a un impact direct sur l’un de nos besoins les plus fondamentaux : l’alimentation. La souveraineté alimentaire, c’est-à-dire la capacité d’un pays à définir sa propre politique agricole et à nourrir sa population de manière durable, est aujourd’hui menacée par l’érosion de la diversité génétique des cultures. La simplification extrême de nos systèmes agricoles, qui reposent sur une poignée de variétés à haut rendement, les rend extrêmement vulnérables aux maladies, aux parasites et au changement climatique. La diversité des semences paysannes, adaptées aux terroirs locaux, est un véritable bouclier contre ces menaces.

Le contrôle des semences est ainsi devenu un enjeu géopolitique majeur. Comme le souligne SEMAE, l’interprofession des semences, il s’agit d’un « levier clé pour renforcer la résilience locale ». La France, en tant que premier exportateur mondial de semences, avec un excédent commercial de 1,2 milliard d’euros, a une position stratégique mais aussi une grande responsabilité. Cette position dominante repose en partie sur un modèle industriel qui peut entrer en conflit avec la préservation de l’agrobiodiversité.

Par ailleurs, les grands accords de libre-échange peuvent saper cette souveraineté en mettant en concurrence des agricultures aux normes sociales et environnementales radicalement différentes. Une analyse de l’impact des accords avec le Mercosur a montré comment certaines clauses favorisent une agriculture industrielle à court terme, basée sur la déforestation et les monocultures, au détriment des systèmes alimentaires locaux et durables. Assurer notre capacité à nous nourrir demain passe donc inévitablement par la protection de la biodiversité aujourd’hui, qu’elle soit sauvage ou cultivée.

Comment des communautés du monde entier ont réussi à gérer durablement leurs ressources communes : les leçons d’Elinor Ostrom

Face à la « tragédie des biens communs », l’idée selon laquelle toute ressource partagée est vouée à la surexploitation, les travaux de la lauréate du prix Nobel d’économie Elinor Ostrom offrent une perspective pleine d’espoir. En étudiant des centaines de communautés à travers le monde, elle a démontré que ni la privatisation totale ni la gestion étatique centralisée ne sont les seules solutions. Au contraire, les communautés locales sont souvent les plus à même de gérer durablement leurs ressources (forêts, pâturages, zones de pêche, systèmes d’irrigation) grâce à des systèmes d’auto-gouvernance.

Le succès de ces systèmes repose sur un ensemble de principes clés. Parmi eux, on trouve : des règles d’usage claires et adaptées au contexte local, une surveillance collective où les usagers se contrôlent mutuellement, des sanctions graduelles pour ceux qui ne respectent pas les règles, et des instances de résolution des conflits accessibles et reconnues par tous. L’étude de la gestion communautaire des forêts et de l’eau en Inde illustre parfaitement ce modèle. Des villages ont réussi à inverser la dégradation de leurs ressources en appliquant ces principes, prouvant que la coopération peut l’emporter sur l’égoïsme.

Ces observations ne sont pas anecdotiques. Des analyses consolidées montrent que plus de 80 % des systèmes locaux de gestion des ressources sont pérennes lorsqu’ils appliquent les principes d’Ostrom. Ces leçons sont fondamentales pour la sauvegarde de la biodiversité. Elles nous enseignent que les solutions les plus efficaces sont souvent décentralisées et qu’il est impératif de redonner du pouvoir aux communautés locales et aux peuples autochtones, qui possèdent une connaissance fine des écosystèmes et un intérêt direct à leur préservation. La gouvernance du vivant doit se construire du bas vers le haut.

À retenir

  • L’effondrement de la biodiversité n’est pas qu’une crise écologique, c’est une menace directe pour la santé humaine, la souveraineté alimentaire et la stabilité économique.
  • Les « services écosystémiques » (pollinisation, eau pure) sont une infrastructure vitale et gratuite que nos modèles économiques ignorent et détruisent.
  • Les solutions ne résident pas seulement dans des parcs isolés, mais dans la restauration des écosystèmes et la mise en place d’une gouvernance partagée des ressources, du local au global.

Gestion des biens communs mondiaux (climat, santé)

Si les leçons d’Elinor Ostrom sont puissantes à l’échelle locale, la gestion des biens communs mondiaux comme le climat, les océans ou la biodiversité elle-même, pose un défi d’une tout autre ampleur. Ici, la coopération doit s’organiser entre États aux intérêts souvent divergents. Le multilatéralisme traditionnel, conçu au 20ème siècle, montre ses limites face à des crises interdépendantes qui ne respectent aucune frontière. La gestion de la biodiversité mondiale devient une nouvelle arène de compétition géopolitique, où les grandes puissances cherchent à défendre leurs intérêts économiques et stratégiques.

Pourtant, des avancées sont possibles. L’accord historique sur la biodiversité marine en haute mer, adopté en 2023 après près de vingt ans de négociations, en est la preuve. Il crée pour la première fois un cadre juridique pour protéger la vie dans les zones situées au-delà des juridictions nationales, qui représentent près de la moitié de la surface du globe. C’est une victoire pour le droit international, démontrant que le consensus est atteignable, même sur des sujets complexes.

Cependant, pour être efficace, cette gouvernance mondiale doit intégrer le principe de responsabilité commune mais différenciée. Ce principe, déjà au cœur des négociations climatiques, reconnaît que tous les pays n’ont pas la même responsabilité historique dans la dégradation de l’environnement, ni les mêmes capacités pour y remédier. Appliqué à la biodiversité, il impose aux pays développés, qui ont le plus profité de l’exploitation des ressources naturelles, de prendre en charge une part plus importante des efforts financiers et technologiques de restauration. Sans cette solidarité, toute gouvernance mondiale restera une coquille vide, incapable de répondre à l’urgence de la sixième extinction.

L’étape suivante consiste à traduire cette prise de conscience en action, en intégrant systématiquement la valeur du capital naturel dans toutes les décisions politiques et économiques.

Rédigé par Inès Roche, Inès Roche est une militante et organisatrice de terrain issue des nouveaux mouvements pour la justice climatique et sociale. Du haut de ses 26 ans, elle incarne une nouvelle génération d'activistes qui maîtrise aussi bien les outils numériques que la mobilisation de rue.