
Contrairement à une idée reçue, le progrès social n’est pas une page tournée de l’Histoire mais une dynamique de conquête permanente qui demande à être réactivée.
- Les acquis sociaux (Sécurité Sociale, congés payés) ne sont pas des cadeaux, mais le fruit de luttes sociales intenses.
- Le discours sur le « déclin » et le « c’était mieux avant » est une construction politique qui a toujours existé pour freiner les avancées.
Recommandation : Pour relancer le progrès, il faut d’abord redéfinir la manière de le mesurer, en dépassant le PIB pour évaluer notre « santé sociale » réelle.
Crises politiques, urgence climatique, guerres aux portes de l’Europe… Le sentiment que « c’était mieux avant » n’a jamais été aussi prégnant. Beaucoup de citoyens, démoralisés par l’actualité et la montée des discours réactionnaires, en viennent à une conclusion amère : le grand élan du progrès social, celui qui a façonné nos vies avec la Sécurité Sociale, la réduction du temps de travail ou les droits des femmes, serait terminé. L’avenir ne serait plus qu’une gestion de la pénurie et un renoncement aux ambitions collectives. Face à cette atmosphère de déclin, on nous somme de choisir notre camp : celui des nostalgiques d’un passé idéalisé ou celui des gestionnaires résignés du présent.
Pourtant, cette vision est un piège. Elle oublie l’essentiel, ce que l’Histoire nous enseigne avec force : le progrès social n’a jamais été une avancée linéaire, naturelle ou inéluctable. Il a toujours été une dynamique de conquête, le résultat de combats, de mobilisations et de rapports de force. Le considérer comme un héritage figé à défendre est la première étape pour le perdre. Et si la véritable clé n’était pas de pleurer un âge d’or qui n’a jamais vraiment existé, mais de comprendre que le progrès est un verbe d’action ? Cet article propose de réhabiliter cette idée combative. Nous verrons comment le mesurer réellement, nous rappellerons que nos droits les plus fondamentaux sont le fruit de luttes, nous déconstruirons le mythe du déclin, et nous esquisserons la carte des nouveaux combats à mener pour le XXIe siècle.
Pour vous guider dans cette réflexion, cet article explore les multiples facettes de la reconquête du progrès social. Vous y trouverez les clés pour déconstruire les idées reçues et pour envisager l’avenir non comme une menace, mais comme un terrain de luttes à investir.
Sommaire : Redonner un avenir au progrès social : un manuel de combat
- Comment savoir si une société progresse vraiment ? Oubliez le PIB, voici les indicateurs qui comptent
- Congés payés, sécurité sociale, réduction du temps de travail : tous ces progrès que vous devez aux luttes syndicales
- Le mythe du « déclin » : comment les réactionnaires ont toujours combattu le progrès social au nom d’un âge d’or imaginaire
- Le progrès technique est-il toujours un progrès social ? Le grand débat du XXIe siècle
- Quel sera le prochain grand progrès social ? Le catalogue des nouveaux droits à conquérir pour le XXIe siècle
- Le syndicalisme « à la française » n’est pas qu’une affaire de grèves : découvrez sa face réformiste
- La Sécurité Sociale : comment une seule réforme a structurellement changé la vie de millions de Français
- Récit de l’émancipation
Comment savoir si une société progresse vraiment ? Oubliez le PIB, voici les indicateurs qui comptent
Pendant des décennies, la réponse semblait simple : une société progressait si son Produit Intérieur Brut (PIB) augmentait. Pourtant, cet indicateur économique, obsédé par la production de richesse monétaire, est aveugle à l’essentiel : la qualité de vie réelle, l’état de l’environnement, le niveau des inégalités ou la solidité des liens sociaux. Courir après la croissance du PIB peut même se faire au détriment du progrès social, en épuisant les ressources et en creusant les écarts.

Pour mesurer la véritable « santé sociale » d’un pays, il faut changer de tableau de bord. En France, des travaux existent pour dépasser cette vision réductrice. Par exemple, l’INSEE a développé un ensemble de 30 indicateurs permettant d’appréhender la qualité de vie dans les territoires, couvrant des dimensions aussi variées que le logement, la sécurité, la santé, l’éducation ou l’engagement civique. Ces outils permettent de dresser un portrait beaucoup plus fin et humain de notre société. On peut y voir qu’une région peut être « riche » économiquement mais « pauvre » en termes de liens sociaux ou de qualité de l’air. L’initiative de l’Indicateur de Santé Sociale (ISS), née d’une collaboration entre associations et syndicalistes, va encore plus loin en se concentrant sur les inégalités et la pauvreté pour évaluer le bien-être collectif. Reconnaître ces indicateurs est le premier pas pour réorienter l’action publique vers ce qui compte vraiment : l’amélioration concrète de l’existence de tous.
Congés payés, sécurité sociale, réduction du temps de travail : tous ces progrès que vous devez aux luttes syndicales
Les acquis sociaux nous semblent aujourd’hui si évidents que nous oublions souvent leur origine. Ils ne sont pas tombés du ciel ni n’ont été octroyés par la seule bienveillance des dirigeants. Ils ont été arrachés. Chaque droit qui structure notre quotidien – la limitation du temps de travail, les congés payés, l’assurance chômage, notre système de retraite par répartition – est le résultat direct de mobilisations sociales et de luttes syndicales parfois très dures.
L’histoire sociale de la France est une chronique de ces conquêtes. Comme le rappelle une analyse historique, les moments de bascule sont clairs :
Des acquis sociaux ont été obtenus lors de périodes historiques particulières, à la suite de mobilisations : on peut citer en France les congés payés en 1936 (à la suite de la grève générale spontanée de mai-juin), la création de la sécurité sociale en 1945, celle-ci faisant partie du programme du Conseil national de la Résistance.
– Encyclopédie Wikipédia, Article sur les acquis sociaux
Ces deux dates emblématiques, 1936 et 1945, symbolisent cette dynamique de conquête. Le Front Populaire n’a pas « donné » les congés payés ; il a répondu à une vague de grèves massives et spontanées qui paralysaient le pays. De même, la Sécurité Sociale est l’incarnation d’un projet politique, celui du Conseil National de la Résistance (CNR), porté par des hommes et des femmes qui, au cœur de la guerre, ont osé imaginer une société plus juste et solidaire. Comme le démontre l’historienne Mathilde Larrère, la connaissance de ces combats passés est un trésor pour aujourd’hui, car elle prouve, selon un slogan des Gilets Jaunes, que nos droits sont le résultat de nos luttes. Oublier cela, c’est se désarmer face à ceux qui veulent les démanteler.
Le mythe du « déclin » : comment les réactionnaires ont toujours combattu le progrès social au nom d’un âge d’or imaginaire
Le discours sur le déclin n’est pas nouveau. Il est même la plus vieille arme des conservateurs et des réactionnaires pour s’opposer au changement. L’idée que « c’était mieux avant » est une rhétorique puissante car elle joue sur la peur de l’avenir et la nostalgie d’un âge d’or largement imaginaire. Aujourd’hui, ce sentiment est particulièrement répandu : une étude montrait déjà en 2020 que 55 % des Français sont d’accord avec l’idée que ‘les choses étaient mieux avant’ concernant leur qualité de vie. Ce pessimisme ambiant est le terreau fertile sur lequel prospèrent les forces politiques qui veulent défaire les acquis sociaux.
Chaque grande avancée sociale a été accueillie par des prophéties de malheur. Lorsque le travail des enfants a été limité pour la première fois, certains industriels prédisaient la ruine de l’économie. Lors de l’instauration des congés payés, on parlait d’une incitation à la paresse. À chaque fois, le progrès était présenté comme une décadence morale, une perte de repères, la fin d’un monde. Cette stratégie consiste à figer la société en idéalisant un passé où les hiérarchies étaient plus claires, les inégalités plus « naturelles » et les droits sociaux, tout simplement, moins nombreux.
Déconstruire ce mythe est une nécessité pour réactiver le combat pour le progrès. Il s’agit de montrer que cet « âge d’or » était en réalité un temps où la mortalité infantile était plus élevée, les conditions de travail plus brutales, les femmes et les minorités privées de droits fondamentaux, et l’accès à la santé ou à l’éducation réservé à une élite. Le progrès social n’a pas détruit un paradis perdu ; il a, pas à pas, rendu la vie plus digne pour le plus grand nombre. Tomber dans le piège de la nostalgie, c’est donner raison à ceux qui ont toujours combattu ces avancées.
Le progrès technique est-il toujours un progrès social ? Le grand débat du XXIe siècle
L’équation semblait simple : une nouvelle technologie engendre automatiquement une amélioration de la société. Internet, l’intelligence artificielle, l’automatisation… Ces innovations portent en elles des promesses formidables de communication, de savoir et d’efficacité. Pourtant, l’expérience récente nous pousse à une grande prudence. Le progrès technique n’est pas neutre ; il ne devient un progrès social que si ses bénéfices sont partagés et ses risques maîtrisés par un projet politique et des régulations démocratiques.

Sans ce cadrage, le progrès technique peut même devenir un facteur de régression sociale. L’économie des plateformes, par exemple, a créé de nouvelles formes de précarité pour les travailleurs indépendants, en contournant les protections du salariat. Les algorithmes des réseaux sociaux, conçus pour maximiser l’engagement, peuvent polariser le débat public et diffuser massivement la désinformation, fragilisant ainsi la démocratie. L’intelligence artificielle, si elle est déployée sans garde-fous, pourrait détruire des millions d’emplois et renforcer les biais de discrimination existants. La question n’est donc pas d’être « pour » ou « contre » la technologie, mais de savoir qui la contrôle et à quelles fins.
La technologie est un champ de bataille. Elle peut être un formidable outil d’émancipation, permettant de nouvelles formes de mobilisation citoyenne ou facilitant l’accès au savoir. Mais elle peut aussi devenir un instrument de surveillance et d’exploitation. Le véritable enjeu du XXIe siècle est de reprendre le contrôle démocratique sur la technologie pour la mettre au service d’un projet de société juste et durable. Cela passe par des lois, des choix collectifs et une éducation citoyenne au numérique, pour que l’innovation serve l’humain, et non l’inverse.
Quel sera le prochain grand progrès social ? Le catalogue des nouveaux droits à conquérir pour le XXIe siècle
Le combat pour le progrès social n’est pas terminé ; il ne fait que changer de front. Si les générations précédentes se sont battues pour le droit au repos ou à la santé, la nôtre fait face à de nouveaux défis qui appellent à la conquête de nouveaux droits. Loin d’être une liste utopique, ce « catalogue » des possibles dessine déjà les contours des mobilisations de demain. L’INSEE elle-même suit les progrès de la France à travers un tableau de bord de 98 indicateurs pour atteindre les 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’ONU, montrant l’ampleur et la diversité des chantiers.
Parmi les grandes batailles qui se dessinent, plusieurs se détachent avec force :
- La justice climatique et le droit à un environnement sain : Face à l’urgence écologique, de plus en plus de mouvements exigent que la protection de la planète soit considérée comme un droit humain fondamental, impliquant une transformation radicale de notre modèle de production et de consommation.
- Le droit à la déconnexion et la maîtrise du temps : Dans un monde où le numérique brouille les frontières entre vie professionnelle et vie personnelle, la lutte pour maîtriser son temps, se déconnecter du travail et lutter contre le burn-out devient un enjeu de santé publique majeur.
- Le revenu de base universel : L’idée d’un revenu garanti pour tous, en réponse à l’automatisation du travail et à la précarisation, gagne du terrain comme un outil potentiel pour éradiquer la pauvreté et redonner du pouvoir de négociation aux individus.
- Le droit au logement pour tous : Alors que la crise du logement s’aggrave, notamment pour les plus jeunes et les plus précaires, garantir un toit digne est une condition sine qua non de toute vie sociale et professionnelle.
Ces nouveaux fronts ne remplacent pas les anciens. Ils s’y ajoutent. Ils nous rappellent que le progrès social est une histoire sans fin, une adaptation permanente de nos règles collectives aux défis de notre temps. S’engager dans ces combats, c’est reprendre le fil de l’histoire et refuser la fatalité du déclin.
Plan d’action : Votre feuille de route pour soutenir un nouveau progrès social
- Points de contact : Identifiez les sources d’information fiables (médias indépendants, associations, rapports de syndicats) qui documentent les luttes sociales émergentes au-delà des grands titres.
- Collecte : Dressez la liste des combats qui vous touchent personnellement. S’agit-il du droit au logement, de la justice climatique, de l’égalité femmes-hommes ?
- Cohérence : Confrontez ces revendications à vos propres valeurs. En quoi soutiennent-elles une vision de la société plus juste et solidaire ?
- Mémorabilité/émotion : Repérez les initiatives qui proposent des solutions originales et inspirantes, celles qui vont au-delà de la simple protestation pour construire des alternatives.
- Plan d’intégration : Définissez une action concrète à votre échelle : signer une pétition, rejoindre une association locale, participer à une manifestation, ou simplement en parler autour de vous pour relayer l’information.
Le syndicalisme « à la française » n’est pas qu’une affaire de grèves : découvrez sa face réformiste
Dans l’imaginaire collectif, le syndicalisme français est souvent réduit à sa dimension la plus visible et conflictuelle : la grève, la manifestation, le rapport de force. Si cette culture de la lutte est bien réelle et a été, comme nous l’avons vu, le moteur de conquêtes historiques, elle masque une autre facette, plus discrète mais tout aussi cruciale : le syndicalisme réformiste. Ce dernier ne rejette pas le conflit, mais il privilégie la négociation, le dialogue social et la construction de compromis pour obtenir des avancées concrètes.
Cette approche part d’un constat pragmatique : le progrès social est souvent le fruit d’un équilibre entre les avancées sociales et la viabilité économique. Il ne s’agit pas d’une opposition binaire, mais d’une articulation complexe. Une étude de l’OFCE a d’ailleurs mis en lumière un paradoxe fascinant : les pays européens avec des dépenses sociales élevées ne sont pas les moins performants économiquement. Au contraire, ils ont souvent développé des stratégies où les prélèvements sociaux sont conçus pour être efficaces et où les dépenses sociales ont un impact positif sur la productivité de la main-d’œuvre (meilleure santé, meilleure formation).
Le syndicalisme réformiste s’inscrit dans cette logique. Son rôle est de négocier au sein des entreprises et des branches professionnelles pour améliorer les conditions de travail, augmenter les salaires, développer la formation continue ou encore mettre en place des accords sur l’égalité professionnelle. Ce travail de l’ombre, loin des caméras, est à l’origine d’innombrables protections qui bénéficient à des millions de salariés. Reconnaître cette double facette du syndicalisme français, à la fois contestataire et réformiste, c’est comprendre la complexité de la fabrication du progrès social, qui se joue autant dans la rue que dans les salles de réunion.
La Sécurité Sociale : comment une seule réforme a structurellement changé la vie de millions de Français
S’il est un pilier qui incarne le progrès social en France, c’est bien la Sécurité Sociale. Créée en 1945 par le programme du Conseil National de la Résistance, elle a représenté une véritable révolution copernicienne. Son principe, « de chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins », a sorti des millions de personnes de l’angoisse du lendemain. Avant elle, la maladie, l’accident du travail, la vieillesse ou la naissance d’un enfant étaient des risques individuels qui pouvaient faire basculer une famille dans la misère. Après elle, ces aléas de la vie sont devenus un risque collectif, géré par la solidarité nationale.

L’impact de la « Sécu » va bien au-delà de la simple prestation monétaire. Elle a structurellement modifié la société française. En garantissant un accès aux soins pour tous, elle a permis une augmentation spectaculaire de l’espérance de vie en bonne santé. En assurant des pensions de retraite, elle a offert une fin de vie digne à des générations de travailleurs. Cette mise en commun des risques a libéré les individus, leur permettant de prendre des risques, d’entreprendre, de vivre sans la peur constante de la chute. C’est la démonstration que le progrès social n’est pas un coût, mais un investissement qui crée de la confiance et de la cohésion. Comme le montrent les études de l’INSEE, l’augmentation du niveau de vie matériel seul n’entraîne pas nécessairement une hausse du bien-être. La sécurité et la solidarité sont des composantes essentielles de la richesse d’une nation.
Aujourd’hui, ce modèle est attaqué, jugé trop coûteux ou inadapté. Pourtant, l’histoire de sa création nous rappelle qu’il fut un acte de courage politique et d’une ambition folle. Le défendre et l’adapter aux nouveaux défis (vieillissement, maladies chroniques) n’est pas un acte de nostalgie, mais la reconnaissance qu’il reste l’outil le plus puissant pour garantir la dignité humaine face aux incertitudes de l’existence.
À retenir
- Le progrès social n’est pas un état de fait mais une conquête permanente qui résulte de luttes et de rapports de force.
- Mesurer le progrès uniquement par le PIB est une erreur ; des indicateurs de « santé sociale » (bien-être, inégalités, environnement) sont plus pertinents.
- Le discours sur le « déclin » et la nostalgie d’un « âge d’or » est une rhétorique réactionnaire classique pour s’opposer aux avancées sociales.
Récit de l’émancipation
Au-delà des lois, des décrets et des indicateurs, le progrès social est avant tout une aventure humaine. Participer à une mobilisation, s’engager pour une cause, c’est une expérience qui transforme en profondeur les individus. La lutte n’est pas qu’un moyen d’obtenir des droits ; elle est aussi un processus d’émancipation personnelle et collective. Elle brise l’isolement, crée des liens de solidarité là où il n’y avait que de la concurrence, et redonne un sentiment de puissance à ceux qui se sentaient impuissants. C’est ce que les documentaristes Emmanuelle Reungoat et Pierre-Olivier Gaumin explorent dans leur travail :
L’histoire commence après la lutte. Quelle empreinte une révolte extraordinaire laisse-t-elle chez celles et ceux qui l’ont vécue ? L’impact d’un évènement peut s’écouter au travers d’une partition progressive jouée sur le temps long.
– Emmanuelle Reungoat et Pierre-Olivier Gaumin, Film documentaire ‘Des goûts de lutte’
L’exemple du mouvement des Gilets Jaunes a montré comment des personnes, souvent éloignées de tout engagement politique ou syndical, ont découvert sur les ronds-points une dignité et une capacité d’action qu’elles ne soupçonnaient pas. En suivant leurs trajectoires sur plusieurs années, on observe une véritable transformation intérieure. La lutte a changé leur rapport au monde, à la politique, et a parfois bouleversé leur vie intime. Elle leur a donné « des goûts de lutte », c’est-à-dire le goût de comprendre, de débattre et d’agir collectivement sur leur propre destin.
C’est peut-être là que réside la réponse la plus forte aux prophètes du déclin. Face à la démoralisation, le remède n’est pas l’attente passive d’un sauveur ou le repli sur soi, mais l’action. Même modeste, l’engagement est ce qui nous permet de passer du statut de spectateur résigné à celui d’acteur de l’histoire. Il nous rappelle que l’avenir n’est pas écrit et que le progrès social, avant d’être une ligne dans un livre d’histoire, est d’abord le récit de millions d’émancipations individuelles.
Réactiver le combat pour le progrès social est donc moins une question de nostalgie que de lucidité et de courage. Il s’agit de s’armer de la connaissance de l’histoire, de déconstruire les discours paralysants et de s’investir, à son échelle, dans les luttes présentes et à venir pour construire une société plus juste.