Illustration symbolique représentant l'universalité des droits humains avec des figures diverses de différentes origines unies dans une lumière d'espoir
Publié le 5 juin 2025

Face au malaise qui associe l’universalisme au colonialisme, cet article propose une rupture. Il défend l’idée que l’universalisme des droits n’est pas l’imposition d’un modèle occidental, mais la construction d’un langage commun de libération. C’est un outil de combat indispensable, forgé dans la diversité des luttes, qui permet à tous les opprimés de nommer l’injustice et de revendiquer leur pleine et égale dignité.

Le mot est sur toutes les lèvres, souvent pour le pire. Pour une partie de la jeune gauche militante, « universalisme » sonne comme un écho du passé colonial, une prétention arrogante de l’Occident à dicter sa vision du monde. Il évoque l’imposition, la norme déguisée, la violence symbolique de celui qui se pense au centre et juge les autres à sa périphérie. Ce malaise est légitime, car il est nourri d’une histoire où l’idéal universel a bien trop souvent servi de masque à la domination la plus brutale. On a civilisé au nom de la Raison, colonisé au nom du Progrès.

Les critiques postcoloniales et différentialistes ont mis en lumière cette instrumentalisation. Elles nous rappellent que les « droits de l’Homme » ont été proclamés par des empires qui pratiquaient l’esclavage et la ségrégation. Faut-il pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain ? Faut-il, par peur de l’hégémonie culturelle, renoncer à l’idée même qu’il existe des droits inaliénables valables pour chaque être humain, quelle que soit sa culture, son genre ou son origine ? Refuser ce combat, c’est prendre le risque de laisser les opprimés sans le seul langage capable de faire entendre leur voix au-delà des frontières.

Et si la véritable clé n’était pas de rejeter l’universalisme, mais de le reconquérir ? Si, au lieu d’y voir un héritage figé, on le considérait comme un chantier permanent, un idéal de combat ? Cet article défend une thèse simple : l’universalisme n’est pas l’affirmation d’une culture dominante, mais la construction d’un langage commun de libération. C’est un outil politique qui permet de transcender les particularismes non pas pour les effacer, mais pour fonder une solidarité concrète entre toutes les luttes pour la dignité. Pour la gauche, l’ignorer n’est pas une option ; le défendre est sa raison d’être.

Pour ceux qui préfèrent un format condensé, le débat suivant explore les tensions et les richesses du concept d’universalisme, complétant parfaitement les analyses de ce guide.

Pour explorer cette perspective, nous reviendrons d’abord sur la naissance surprenante de la Déclaration Universelle, avant d’aborder les critiques les plus vives pour montrer comment les combats féministes, LGBTQIA+ ou pour les droits sociaux sont, en réalité, le moteur de cet universalisme vivant.

Née des cendres de la guerre : la folle histoire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme

L’imaginaire collectif associe souvent la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH) de 1948 à une poignée de philosophes occidentaux, imposant leur vision au reste du monde. La réalité historique est bien plus complexe et, finalement, plus inspirante. Ce texte n’est pas né d’une certitude triomphante, mais d’un traumatisme planétaire : celui de la Seconde Guerre mondiale. Son but premier était de construire un rempart juridique pour que de telles atrocités ne se reproduisent jamais. Loin d’être un monologue, sa rédaction fut un dialogue multiculturel intense, façonné par les compromis entre les blocs Ouest et Est en pleine Guerre Froide, cherchant un équilibre entre droits civils et politiques d’un côté, et droits économiques et sociaux de l’autre.

Ce qui est souvent oublié, c’est que des délégués du Liban, de Chine, du Chili, d’Inde et de bien d’autres nations non-occidentales ont joué un rôle crucial. Ils ont lutté pour que le texte ne soit pas une simple projection des valeurs européennes, mais qu’il résonne avec des traditions philosophiques et juridiques du monde entier. Comme le rappellent les Nations Unies, la rédaction a été marquée par la participation décisive de femmes, telles que Hansa Mehta et Minerva Bernardino, qui ont bataillé pour que l’égalité des sexes soit explicitement inscrite.

L’idée n’était pas d’imposer un modèle unique, mais de s’accorder sur un socle minimal de dignité humaine. C’est ce qui explique sa puissance et sa pérennité. L’universalisme de la DUDH n’est pas celui d’une culture qui s’impose, mais celui d’une humanité qui, au sortir de la barbarie, tente de formuler un langage commun pour se protéger d’elle-même. Son succès est indéniable : une analyse récente montre que plus de 75 États ont utilisé la DUDH comme base juridique pour renforcer la protection des droits humains depuis 1948. Elle est devenue la référence mondiale pour les peuples qui luttent contre l’oppression.

« C’est leur culture » : jusqu’où peut-on accepter des pratiques différentes au nom du respect des traditions ?

L’argument du relativisme culturel est sans doute l’objection la plus forte et la plus troublante à l’universalisme. « Qui sommes-nous, avec notre histoire coloniale, pour juger les pratiques des autres cultures ? » Cette question, en apparence pleine de respect, peut rapidement devenir un piège redoutable. Utilisée à l’extrême, elle conduit à une forme de complaisance, voire de complicité, avec des pratiques qui bafouent la dignité humaine la plus élémentaire. Au nom du « respect des traditions », on ferme les yeux sur les mariages forcés, les crimes d’honneur ou les mutilations génitales féminines.

Pourtant, ce sont souvent les militantes et militants issus de ces mêmes cultures qui se battent en première ligne contre ces violences, en s’appuyant sur le langage des droits universels. Ils nous rappellent que les cultures ne sont pas des blocs monolithiques et immuables. Elles sont vivantes, traversées de débats, de tensions et de luttes de pouvoir. L’argument culturel est fréquemment instrumentalisé par les forces les plus conservatrices pour maintenir leur domination, notamment sur les femmes et les minorités. Comme le résume avec force le Dr Morrissanda Kouyaté, expert du Comité interafricain sur les pratiques traditionnelles :

Les mutilations génitales féminines sont une mauvaise tradition et non une culture, l’argument culturel sert souvent à masquer des violences.

– Dr Morrissanda Kouyaté, Comité interafricain sur les pratiques traditionnelles, 2018

Le véritable respect ne consiste pas à fétichiser une « tradition » au point de justifier l’inacceptable, mais à écouter les voix de celles et ceux qui, au sein d’une société, luttent pour leur émancipation. L’universalisme des droits leur offre un levier pour contester l’oppression de l’intérieur, en affirmant que leur droit à l’intégrité physique et à la dignité prime sur n’importe quelle coutume.

Image symbolique représentant les tensions entre relativisme culturel et droits humains universels, illustrant la lutte contre les pratiques traditionnelles nocives

Cela ne signifie pas nier les différences, mais refuser que la différence devienne un prétexte à l’oppression. Il s’agit de trouver un équilibre délicat entre le respect de la diversité et la défense d’un seuil de dignité en deçà duquel aucune pratique ne peut être tolérée. Pour y parvenir, une approche concrète est nécessaire.

Plan d’action : combattre les pratiques violentes déguisées en traditions

  1. Éducation et sensibilisation : Dialoguer avec les communautés locales pour expliquer les droits humains fondamentaux en utilisant des référents culturels pertinents.
  2. Renforcement juridique : Soutenir l’adoption de lois nationales claires qui interdisent les pratiques nocives et protègent les victimes.
  3. Soutien aux acteurs locaux : Financer et amplifier la voix des mouvements de femmes et des défenseurs des droits qui agissent sur le terrain.
  4. Implication des leaders d’opinion : Travailler avec les chefs traditionnels, religieux et culturels pour encourager une réinterprétation des traditions à la lumière des droits humains.
  5. Coopération internationale : Mettre en place des mécanismes de pression diplomatique et de soutien pour assurer le respect des conventions universelles.

Féminisme et droits LGBTQIA+ : comment des combats nés en Occident sont devenus des outils d’émancipation universels

Une autre critique fréquente consiste à dépeindre le féminisme ou la défense des droits LGBTQIA+ comme des « produits d’importation occidentaux », déconnectés des réalités d’autres sociétés. Cet argument est souvent utilisé par des régimes autoritaires pour discréditer les mouvements locaux et réprimer les minorités sexuelles et de genre. Il s’agit d’une manœuvre politique qui vise à masquer des violations des droits humains sous le vernis de l’authenticité culturelle. La réalité est que les aspirations à l’égalité et à la liberté ne sont la propriété d’aucune civilisation.

Si les concepts et les stratégies de ces luttes ont souvent émergé dans un contexte occidental, ils ont été saisis, traduits, et réadaptés par des militants du monde entier pour répondre à leurs propres défis. L’étude de la situation en Afrique subsaharienne est éclairante : elle montre comment les mouvements LGBTQIA+ africains s’approprient et adaptent les modèles de lutte pour faire face à des réalités locales spécifiques, malgré la persistance d’une forte hostilité d’État. Ils ne copient pas, ils innovent. Ils créent leur propre langage de libération, enraciné dans leur histoire, tout en s’inscrivant dans un mouvement global pour la reconnaissance de leur humanité.

L’accusation d’impérialisme est d’autant plus paradoxale que de nombreuses lois homophobes en vigueur dans les pays du Sud sont un héritage direct de la colonisation britannique ou française. L’universalisme des droits devient alors un outil pour décoloniser les esprits et les lois. Il permet aux militants de dire : « Notre droit à exister et à aimer n’est pas une lubie occidentale, c’est un droit humain fondamental ». Dans des contextes où 33 pays africains maintenaient des politiques anti-LGBTQIA+ en 2023, ce langage est une question de survie. Il offre une légitimité et un cadre pour la solidarité internationale.

Le droit à un logement ou à la santé est-il un droit humain aussi fondamental que la liberté d’expression ?

Le débat sur l’universalisme est souvent confiné aux droits civils et politiques : liberté de parole, droit de vote, etc. Or, une vision de gauche de l’universalisme ne peut faire l’impasse sur les droits économiques et sociaux. C’est le principe de l’indivisibilité des droits : il n’y a pas de hiérarchie entre le droit de ne pas être torturé et le droit de manger à sa faim. L’un ne va pas sans l’autre. Quelle est la valeur de la liberté d’expression pour une personne qui n’a pas de toit ou n’a pas accès aux soins ?

L’émancipation, concept clé de la gauche, ne se résume pas à une liberté formelle. Elle suppose d’avoir les moyens matériels de faire des choix réels. C’est pourquoi les droits au logement, à la santé, à l’éducation et au travail sont des droits humains à part entière. Ils sont la condition d’une liberté effective. En France même, la situation rappelle l’urgence de ce combat : des rapports estiment que près de 4 millions de personnes vivent dans des conditions de logement inacceptables ou sont sans-abri. Cette réalité contredit frontalement l’idéal d’une République qui garantirait la dignité de tous.

Un des exemples les plus concrets de cet universalisme social est la Sécurité Sociale. Elle incarne un principe fondamental : « chacun contribue selon ses moyens et reçoit selon ses besoins ». Ce mécanisme ne fait pas de distinction d’origine ou de statut ; il postule que la santé est un bien commun et un droit universel. Il matérialise une fraternité concrète en organisant la solidarité à grande échelle. Défendre et étendre ce type de système, c’est faire vivre un universalisme qui ne se contente pas de proclamer des droits, mais qui donne les moyens de les exercer. Les droits sociaux ne sont pas une « assistance », ils sont le socle qui permet à chacun d’être véritablement libre.

Le dilemme de l’ingérence : que faire quand un État massacre sa propre population ?

Le principe de la souveraineté des États est un pilier du droit international. Mais que faire lorsque cette souveraineté devient le paravent des pires atrocités ? Quand un gouvernement se retourne contre sa propre population et commet des crimes de masse, la communauté internationale a-t-elle le droit, voire le devoir, d’intervenir ? C’est le cœur du concept controversé de « droit d’ingérence », popularisé en France par des figures comme Bernard Kouchner. L’idée est simple : la protection de la vie humaine prime sur le respect absolu des frontières.

Cet idéal s’est cependant heurté à la dure réalité de la géopolitique. Les interventions militaires menées au nom des droits de l’homme ont eu des résultats pour le moins mitigés, parfois pires que le mal qu’elles prétendaient combattre. Elles ont souvent été perçues, à juste titre, comme des opérations néocoloniales servant des intérêts stratégiques et économiques. Ce bilan impose une extrême prudence. L’ingérence militaire ne peut être qu’un ultime recours, encadré par le droit international et une légitimité incontestable, ce qui est rarement le cas.

Cependant, l’impuissance n’est pas une fatalité. L’universalisme juridique a progressé avec la création de la Cour Pénale Internationale (CPI). Cette institution, bien qu’imparfaite et souvent critiquée pour son action sélective, incarne une idée révolutionnaire : les individus, y compris les chefs d’État, peuvent être tenus personnellement responsables de crimes de guerre, de génocides et de crimes contre l’humanité. C’est une tentative de dépasser la souveraineté étatique pour faire prévaloir une justice universelle. En parallèle, des alternatives non-violentes existent et doivent être privilégiées : les sanctions économiques ciblées contre les responsables, le soutien actif aux défenseurs des droits humains sur le terrain, ou encore l’accueil des réfugiés, qui est une forme d’ingérence humanitaire et une obligation morale universelle.

L’Europe a inventé le droit d’asile pour se protéger elle-même : un rappel historique nécessaire

Le droit d’asile est souvent présenté comme l’un des piliers de l’humanisme européen, une incarnation de l’universalisme. Un rappel historique s’impose pour nuancer ce récit. La Convention de Genève de 1951, texte fondateur du droit des réfugiés, n’a pas été pensée, à l’origine, pour le monde entier. Comme le souligne le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, elle a été conçue sur mesure pour une situation très spécifique : gérer les déplacements massifs de populations européennes au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. C’était un outil pour que l’Europe puisse panser ses propres plaies.

Ce n’est que plus tard, avec le protocole de 1967, que son champ d’application a été étendu au reste du monde, alors que les guerres de décolonisation et les conflits liés à la Guerre Froide jetaient des millions de personnes sur les routes. L’universalisme du droit d’asile est donc une construction tardive, presque une extension par défaut. Cette origine explique en partie les crispations actuelles. Le cadre juridique a été pensé pour le dissident politique qui fuit une dictature, une figure facilement identifiable et peu nombreuse. Il est mal adapté aux réalités contemporaines des migrations de masse, où les motifs économiques, climatiques et politiques sont inextricablement liés.

L’évolution de la perception du réfugié est frappante. Autrefois accueilli comme un héros de la liberté, il est aujourd’hui souvent perçu comme un poids, voire une menace. Cette transformation a entraîné un durcissement constant des politiques d’asile, qui s’éloignent de plus en plus de l’esprit initial de la Convention de Genève. De plus, de nouvelles réalités comme les déplacements climatiques ne trouvent aucune place dans ce droit international. Il n’existe à ce jour aucun statut universel pour les réfugiés climatiques, laissant des millions de personnes dans un vide juridique total. L’universalisme, pour rester pertinent, doit être capable d’évoluer et d’intégrer ces nouveaux défis planétaires.

La liberté selon la droite contre l’émancipation selon la gauche : deux visions du monde qui s’opposent

Au cœur de l’affrontement politique se trouve une bataille sur le sens des mots. « Liberté » en est l’exemple parfait. Pour la droite libérale, la liberté est avant tout une « liberté de », c’est-à-dire l’absence d’entraves de la part de l’État. C’est le droit de posséder, d’entreprendre, de parler, sans que la puissance publique ne s’en mêle. Dans cette vision, l’égalité est principalement une égalité en droit : tous les citoyens sont égaux devant la loi, et la société doit ensuite laisser jouer le « mérite » de chacun. C’est un universalisme abstrait, qui postule une égalité de départ mais se désintéresse des conditions réelles d’existence.

Pour la gauche, cette vision est profondément insuffisante. Elle oppose au concept de liberté celui, plus exigeant, d’émancipation. L’émancipation n’est pas seulement une « liberté de », mais une « liberté pour » : la capacité réelle, concrète, d’agir et de choisir sa vie. Comme le formule l’historienne Michèle Riot-Sarcey, pour la gauche, la liberté c’est la capacité d’agir grâce à des moyens concrets que sont l’éducation, la santé, la culture. Sans ces conditions matérielles, la liberté n’est qu’un mot creux pour ceux qui n’ont rien. L’égalité ne peut donc être que formelle ; elle doit être réelle.

Cette distinction est fondamentale. La droite voit la société comme une somme d’individus en compétition, où les inégalités sont le résultat naturel des différences de talent et d’effort. La gauche, elle, analyse la société en termes de structures et de dominations. Elle sait que le mythe de la méritocratie, comme le souligne l’historien Jean Garrigues, sert souvent à masquer les déterminismes sociaux qui pèsent sur les individus dès leur naissance. L’universalisme de gauche n’est donc pas de décréter que tout le monde est libre, mais de se battre pour créer les conditions d’une égalité réelle des chances, afin que chacun puisse conquérir son autonomie.

À retenir

  • L’universalisme des droits n’est pas une invention purement occidentale mais le fruit d’un dialogue multiculturel né du traumatisme de la guerre.
  • Le relativisme culturel ne doit pas servir de prétexte à la tolérance de pratiques violentes ; les droits universels sont un outil pour les militants locaux.
  • Les droits humains sont indivisibles : les droits sociaux (logement, santé) sont la condition d’une liberté réelle et non seulement formelle.

Récit de l’émancipation

En définitive, le combat pour l’universalisme est le grand récit de l’émancipation. Il ne s’agit pas de défendre un ensemble de valeurs figées, mais de participer à un mouvement historique de conquête de l’autonomie contre toutes les formes de domination. Comme le définissait déjà Emmanuel Kant, l’émancipation est la sortie de l’état de tutelle, la capacité de penser et d’agir par soi-même. Ce projet est au cœur de la pensée de gauche. Il postule que chaque être humain possède une égale dignité et doit avoir les moyens de développer pleinement ses capacités.

L’histoire des luttes sociales est celle d’une extension continue du champ de l’universel. Ce qui était hier considéré comme normal ou naturel – l’esclavage, le travail des enfants, la soumission des femmes, la persécution des homosexuels – est aujourd’hui reconnu comme une violation intolérable de la dignité humaine. Chaque nouvelle lutte, qu’elle soit pour la reconnaissance des identités, pour l’égalité salariale ou pour la justice environnementale, enrichit et transforme notre compréhension de ce que signifie être humain. L’universalisme n’est pas un dogme, c’est un horizon qui recule à mesure que nous avançons.

La reconnaissance récente par les Nations Unies du droit à un environnement sain comme un droit humain universel en est une parfaite illustration. Entre 2021 et 2022, plusieurs résolutions internationales ont été adoptées en ce sens. Cette nouvelle étape montre que l’universalisme est un langage vivant, capable d’intégrer les défis de notre temps. Il lie désormais l’émancipation sociale à la question écologique, affirmant qu’il ne peut y avoir de dignité humaine sur une planète invivable. Pour la jeune génération militante, se réapproprier cet universalisme de combat n’est pas un reniement, c’est renouer avec le fil le plus puissant de l’histoire de la gauche.

Image symbolique liant l'émancipation sociale à la lutte écologique universelle, montrant une foule diverse devant une nature préservée

Pour mettre en pratique ces réflexions, l’étape suivante consiste à intégrer ce prisme universaliste dans l’analyse de chaque lutte sociale, afin de construire des solidarités qui dépassent les frontières identitaires et géographiques.

Rédigé par Luc Chevalier, Luc Chevalier est un historien des idées politiques et professeur d'université, fort de plus de 25 ans de carrière académique. Son expertise reconnue porte sur la généalogie des courants de la gauche française et leurs mutations idéologiques.